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Critique : Lost River – Ghost Town

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Lost_River_Ryan_Gosling_Poster

Si Ryan Gosling a su s’imposer comme l’un des acteurs phares de sa génération, c’est parce qu’il a toujours collaboré avec des artistes emblématiques de la scène indépendante du cinéma américain. Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, le comédien suit les traces de ces metteurs en scène et nous plonge dans un thriller envoutant dans lequel on reconnaît bien ses influences.

Derniers vestiges d’une ville abandonnée, Billy et sa famille font tout pour continuer de vivre dans la maison qu’ils ont toujours connue. Désespérée, Billy accepte un travail dans un lieu macabre où sont donnés d’étranges spectacles pendant que son fils Bones fait tout pour échapper au caïd du coin, Bully.

La caméra portée qui introduit cette famille vivant dans une cité perdue rappelle le cinéma de Terrence Malick et de Derek Cianfrance, avec lequel Gosling a tourné les excellents Blue Valentine et The Place Beyond The Pines. Comme dans les œuvres de ce dernier, nous retrouvons des individus laissés-pour-compte et prêts à tout pour s’en sortir. A l’inverse de Cianfrance, Gosling ne porte jamais de regard désabusé sur ses personnages. Au contraire, Billy et sa famille représentent l’espoir de cet environnement perverti où tous les protagonistes évoluant autour d’eux ont trouvé un moyen de tirer profit de la misère ambiante.

En filmant son long métrage près de Detroit, Ryan Gosling s’offre un terrain de jeu magnifique. L’histoire de Billy et sa famille fait tristement écho à celle d’une ville industrielle accablée par les faillites. Si le film flirte constamment avec le fantastique, il dépeint néanmoins dans sa première partie une réalité sociale et l’on sent l’envie du cinéaste de mettre en avant des personnes oubliées. En gardant certaines séquences d’improvisation, à l’image de la scène de la station essence, Gosling offre un espace d’expression à des habitants qui ont totalement leur place dans son univers baroque. S’ils paraissent plus vrais que nature, c’est parce que cet environnement leur appartient et Gosling a le talent de les laisser évoluer dans de courts moments qui accentuent le message de son œuvre.

Christina_Hendricks_Lost_River

L’autre grosse influence de Ryan Gosling est bien sûr son compère danois Nicolas Winding Refn (Drive). A l’instar de Vithaya Pasringarm dans Only God Forgives, Ben Mendelsohn incarne un monstre tortionnaire et silencieux, toujours prêt à pousser la chansonnette ou à se lancer dans une chorégraphie endiablée. Gosling prend de Winding Refn son gôut pour les personnages exacerbés et un compositeur remarquable (Johnny Jewel) qu’il allie à des références aux films de Tod Browning (Freaks) et à l’horreur italienne, notamment grâce à la présence de Barbara Steele (Le masque du démon). Cela donne une ambiance enivrante et malsaine lorsque l’on pénètre dans la gueule du démon, endroit où Eva Mendes s’adonne à des pratiques macabres et où la mère incarnée par Christina Hendricks viendra se perdre. En confiant la photographie à Benoît Debie, compère de Gaspard Noé, Gosling signe des moments d’horreur réussis et dévoile une autre facette de son identité visuelle, bien éloignée de la grâce que l’on ressentait lorsque l’on découvrait Billy et les derniers habitants de l’enfer dont ils n’arrivent pas à s’échapper.

La fuite est d’ailleurs l’un des thèmes importants de Lost River, représentée par Bones (Iain de Caestecker) et Rat (Saoirse Ronan), deux adolescents en quête de liberté qui cherchent à briser le sort de la cité engloutie qui retient leur famille. Leur relation et leurs rêves sont semblables à ceux des personnages d’un conte de fée. Cet onirisme est renforcé par la présence de Reda Kateb et Matt Smith, représentations extrêmes du bien et du mal et électrons libres qui apparaissent à leur guise pour un moment de tranquillité ou au contraire de torture.

S’il est bourré d’influences, de clins d’œil et d’hommages, Lost River n’en reste pas moins un film très personnel à travers lequel Ryan Gosling s’est approprié les forces des cinéastes qu’il côtoie sans jamais livrer une pâle copie de leur œuvre ou une tentative prétentieuse de les égaler. En 95 minutes, Gosling fait cohabiter différents styles de cinéma et si le mélange manque parfois d’équilibre, il n’en demeure pas moins touchant tant l’envie et la créativité du jeune réalisateur se font ressentir.


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